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Un jour viendra couleur d'orange!
11 septembre 2014

Après l’Ukraine, quelle sécurité européenne. Francis Wurst l'Humanité Dimanche.

APRÈS L’UKRAINE , QUELLE SÉCURITÉ EUROPÉENNE ?

 

11 septembre 2014 

 

À l’heure où sont écrites ces lignes, nous retenons notre souffle dans l’espoir que le cessez-le-feu tienne, cette fois, en Ukraine, et que des négociations sérieuses puissent s’engager rapidement. Malheureusement, en tout état de cause, cette tragédie laissera des traces profondes dans les deux parties du pays, tout comme en Russie et sur le continent européen dans son ensemble. Aucun des "camps" en cause ne sortira grandi de ce désastre. Nous nous intéressons ici à celui sur lequel nous pouvons espérer avoir un peu prise : l’Union européenne pèsera , selon la stratégie qu’elle adoptera désormais, dans le sens d’une fragilisation accrue ou d’une consolidation durable de la sécurité européenne. Trois enjeux seront décisifs à cet égard.

 

D’abord, il faut s’attendre à de fortes polémiques à Kiev au sujet du statut final à accorder aux régions orientales du pays. L’Union européenne rendrait service à ses alliés ukrainiens en les aidant à résister aux extrémistes qui s’opposent à l’accord du 5 septembre sur la question de la décentralisation du pouvoir. Il ne s’agit pas, ce faisant, de "céder à Poutine", mais de reconnaître la réalité : l’attachement grandissant des populations concernées à une forme d’autonomie. Dès mars dernier, des observateurs avertis soulignaient que " les Ukrainiens pro-occidentaux ont intérêt à proposer une grande autonomie aux minorités russes" (1). La violence des affrontements qui ont opposé par la suite les "séparatistes" à l’armée ukrainienne et les innombrables victimes de ce conflit ont creusé entre l’ouest et l’est du pays un fossé qui rend désormais une forme de "fédéralisation" incontournable. L’UE le sait pertinemment. Elle se doit donc de contribuer à sa concrétisation dans de bonnes conditions.

 

Ensuite, cette guerre a fourni à l’OTAN l’occasion de se projeter au premier plan et aux sirènes ultra-atlantistes de l’Union européenne -Pologne et Pays baltes en tête- de hurler de plus belle. Le Président Obama, qui a besoin de prouver sa "fermeté" et son "leadership" au Congrès américain, les a encore chauffés à blanc début septembre, lors de sa visite à Tallinn, la capitale de l’Estonie, à un jet de pierre de la frontière de la Russie : surprenant jusqu’à ses proches partisans, il y a relancé l’idée d’un nouvel élargissement de l’OTAN vers l’Est (autrement dit la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine…) -une option enterrée depuis la fin de l’ère Bush, tant elle est provocatrice à l’égard de Moscou qui y voit une atteinte à la sécurité du pays. Quelle stratégie les dirigeants européens vont-ils adopter à présent dans ce domaine? Certes, la menace voilée du Président américain a peu de chance de se concrétiser : la France et l’Allemagne s’y sont toujours opposé. Mais auront-ils la lucidité et le courage de s’opposer plus globalement à la militarisation de l’Union européenne à laquelle les pousse cette campagne agressive de l’OTAN et de ses thuriféraires ? Le débat mérite d’être ouvert à ce sujet et il réserverait des surprises : le refus de sacrifier la sécurité de l’Europe à l’esprit de guerre froide dépasse largement les rangs des pacifistes : "Notre intérêt historique n’est pas d’étendre l’Empire américain jusqu’aux rivages du Dniepr.Il est de consolider la paix en Europe."(2)

 

Enfin, dans cet esprit, l’Union européenne gagnerait à réévaluer ,à la lumière de l’expérience ukrainienne, le rôle à faire jouer à sa " politique européenne de voisinage " et plus particulièrement son "Partenariat oriental" créé en 2009. Notre politique à l’Est ne doit pas consister à sommer l’Ukraine de choisir entre des relations étroites avec la Russie et une association poussée avec l’Union européenne. Elle doit se donner les moyens de permettre à ce pays de devenir la passerelle entre deux ensembles qui coopèrent dans le respect mutuel. Peut-être ,alors, le peuple russe ne ressentira plus,un jour, le besoin de se donner un "chef" pour les rassurer face à "l’Occident". Nous y aurons tous gagné.

 

———-

(1) Voir Gérard Chaliand :"Ukraine: Poutine sur la défensive" (Le Figaro 28/3/2014)

(2) Renaud Girard dans Le Figaro (25/3/2014

 

 

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